La cryptomnésie
29 novembre 2016 Catégorie :Uncategorized Off
Phénomène caractérisé par l’inconscience, la cryptomnésie constitue un biais mémoriel par lequel un individu a l’impression erronée d’avoir produit une idée alors que celle-ci a été produite par quelqu’un d’autre. Les minorités en font particulièrement les frais. À l’origine, il s’agit d’un mot de psychopathologie (la psychologie se rapportant aux malades mentaux) que d’autres branches de la psychologie ont emprunté. Il s’agit dans tous les cas de l’oubli de la source d’une idée. Les études sur le sujet ont-elles permis de comprendre les causes de ce phénomène ? C’est une bonne question. A ma connaissance, les causes ne sont pas réellement connues. Les études tentent d’abord de comprendre ou de décrire le phénomène. Néanmoins, le phénomène de cryptomnésie sociale s’explique bien par les théories actuelles. Ces dernières prédisaient le phénomène. Par exemple, un des grands principes de la psychologie sociale est que les gens cherchent à avoir une identité positive. On peut l’avoir parce qu’en tant qu’individu, on a un bon job, de gentils et beaux enfants, des diplômes valorisants, etc. On peut aussi avoir une identité positive en se référant à l’identité de son groupe. Je ne suis alors plus un individu isolé (avec mes diplômes et mes enfants) mais le membre d’un groupe dont je partage l’identité. C’est ce qu’on appelle l’identité sociale. Les exemples ne manquent pas. Ce peut être la défense de la nation dans les tranchées. Ce peut encore être le fait de vouloir s’engager dans l’armée suite aux attentats. Je donnerai encore un dernier exemple : les supporters de foot – c’est d’actualité. Après tout, ce sont les 11 joueurs qui jouent et qui gagnent. Pourtant, « on a gagné » est sur toutes les lèvres car le « on » nous inclue. La victoire des 11 rejaillit sur les supporters. Dans le but de sauvegarder une bonne image, on peut être cependant conduit à se dissocier (si les joueurs perdent, « ils ont perdu » peut remplacer le « on a perdu »).Dans le cas qui nous concerne, si la source d’une idée n’est pas valorisante (parce qu’elle est minoritaire et qu’une minorité est généralement mal vue) mais que l’idée est bonne, on peut aussi dissocier le contenu (le message) de sa source minoritaire. Nous y reviendrons, mais il est possible déjà ici d’entrevoir une problématique avec une portée sociale importante quand on sait qu’une grande partie des évolutions dans une société provient des minorités. Est-on conscient de « voler » une idée, ou au contraire d’avoir l’impression qu’on nous l’a dérobée lors de ce phénomène ? Si on avait conscience, ce serait de la mauvaise foi (comme pour le cas de l’adjudant) et non de la cryptomnésie. Par définition, la cryptomnésie implique l’oubli. Nous ne sommes pas conscients alors de voler l’idée d’autrui. Il faut un certain délai pour que l’on oublie la source d’une idée. Sinon, la mauvaise foi est patente (comme avec l’adjudant) autant pour le voleur que pour le volé.